Rapport annuel 2024
La Fédération Belges des Banques Alimentaires appelle le gouvernement à mettre en place des incitants fiscaux supplémentaires pour le don d’aliments ainsi que des financements structurels. Après des hausses significatives ces 10 dernières années, le nombre de bénéficiaires des Banques Alimentaires reste élevé
14 février 2025 - Aujourd’hui, à l’occasion de sa conférence de presse annuelle, la Fédération Belge des Banques Alimentaires a fait le point sur la précarité en Belgique et les chiffres relatifs à l'année 2024. Chaque mois, 209 000 résidents belges ont sollicité l’aide de l’une des 698 associations affiliées aux Banques Alimentaires. Bien que ce chiffre représente une légère diminution par rapport à 2023, la Fédération observe néanmoins une augmentation drastique de 50 % du nombre de bénéficiaires en dix ans.
Un peu plus de 26.000 tonnes de nourriture ont été distribuées aux associations membres, ce qui équivaut à 52 millions de repas en 2024. Toutefois, la Fédération observe une nouvelle diminution des dons de vivres venant de l’industrie alimentaire et des criées. Afin d’assurer la distribution de cinq repas équilibrés par semaine à chaque bénéficiaire, elle n’a pas eu d’autre choix que d’acheter 1 600 tonnes de nourriture grâce au soutien financier de ses donateurs privés et publics.
La Fédération se réjouit de constater que le nouveau gouvernement a donné suite à ses propositions visant à enrayer cette tendance à la baisse. En effet, l'accord de coalition annonce des incitants (fiscaux) supplémentaires qui encouragent les entreprises à faire des dons de denrées alimentaires. En outre, la FBBA demande au gouvernement d'étendre la compensation financière envisagée pour les budgets européens réduits du FSE+ 2024 et 2025 à 2026 et 2027.
« Face à l’inflation, de plus en plus de personnes dans le besoin sont sur les genoux »
Pour la première fois en 37 ans d'existence, la Fédération a enregistré une légère baisse du nombre de bénéficiaires. En 2024, le nombre mensuel était de 209 000 contre 214 000 en 2023. Cela représente tout de même une augmentation de 50 % sur la dernière décennie et de 24 % depuis le début de la crise sanitaire en 2019.
En 2024, la barre des 25 000 tonnes de vivres distribuées a ainsi été franchie pour la première fois, atteignant presque les 26 000 tonnes de marchandises distribuées aux associations membres. Ils ont été donnés d'une part par l'industrie alimentaire (5 116 tonnes), les supermarchés (8 576 tonnes) et des criées (452 tonnes) et, d'autre part, achetés avec des fonds du Fonds social européen (FSE+) et du gouvernement (10 000 tonnes) et avec des dons financiers du gouvernement et des entreprises (1 600 tonnes).
Plus de la moitié (55%) des denrées alimentaires distribuées étaient des produits invendus ou des excédents. Les banques alimentaires continuent ainsi à jouer un rôle important dans la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Piet Vanthemsche, Président de la Fédération Belge des Banques Alimentaires, nuance toutefois : « Si nous avons pu compter sur une offre plus importante de la part du commerce de détail (700 tonnes), cette augmentation des dons alimentaire est toutefois à nuancer. Une partie des dons prévus par le FSE+ pour l'année 2025 a déjà été distribuée en 2024… Par ailleurs, la contribution de l'industrie alimentaire a diminué de 9%, atteignant ainsi 5.116 tonnes. En outre, quelque 100 tonnes de fruits et légumes en moins ont également été fournies par les criées ».
En conséquence, la Fédération a dû acheter plus de produits qu'en 2023 grâce aux dons financiers du gouvernement et des entreprises, soit près de 1 600 tonnes. Pour la première fois depuis des années cependant, l'équivalent de cinq repas sains par semaine a pu être offert à chaque bénéficiaire, ce qui représente au total l'équivalent de 52 millions de repas.
Cela coûte moins cher de détruire des produits alimentaires que d’en faire don
Parce qu'il n'existe pas d’incitant fiscal supplémentaire pour le don de biens à des organisations comme les Banques Alimentaires, de nombreuses entreprises préféraient vendre leurs invendus à très bas prix ou les détruire afin de pouvoir déduire fiscalement leurs pertes. Sous la devise "Donner doit toujours être moins cher que détruire", les Banques Alimentaires ont souligné dans un mémorandum adressé aux négociateurs du nouveau gouvernement fédéral la nécessité d'élaborer un système plus attractif pour encourager les entreprises à faire davantage de dons et à corriger certaines discriminations fiscales. La FBBA a reçu le soutien de Fevia, Comeos et de plusieurs plateformes alimentaires.
Cet appel n'est visiblement pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Dans l'accord de gouvernement, la nouvelle équipe reconnaît que de nombreuses entreprises sont désavantagées lorsqu'elles font don de denrées alimentaires ou de biens non alimentaires, plutôt que de les jeter ou de les détruire. Plusieurs initiatives sont ainsi annoncées pour mettre fin à cette discrimination fiscale des dons à des organisations caritatives reconnues.
Les autorités souhaitent assouplir la règle stricte des 15 jours pour l'exonération de la TVA sur les biens donnés. Le gouvernement prévoit également d'élargir la liste des produits éligibles et envisage d'autoriser les entreprises à déduire fiscalement l'intégralité du coût des biens donnés.
La Fédération demande au gouvernement Arizona de compenser la diminution du budget du FSE+
Le rapport annuel de la Fédération souligne le rôle crucial du programme FSE+ pour répondre à la demande croissante d’aide alimentaire. En 2024, plus de 10 000 tonnes de denrées distribuées ont été financées par l’Union européenne et le gouvernement fédéral. Cependant, depuis 2024, les contributions de l’Europe ont été drastiquement réduites.
« Le précédent gouvernement fédéral a accepté de compenser la réduction des contributions européennes pour 2024 et 2025. Mais qu’en est-il après ? Allons-nous vers une diminution de 4 000 tonnes ou l’équivalent de 8 millions de repas en achats FSE+ ? Il est impossible pour la Fédération de compenser cela avec ses propres ressources.
C'est la raison pour laquelle nous insistons auprès du nouveau gouvernement pour qu’il continue, en 2026 et 2027, à compléter les contributions du Fonds européen au niveau des années précédentes. Nous demandons également un financement structurel pour l’achat de produits alimentaires, comme cela a été le cas ces quatre dernières années, afin de compenser la réduction du soutien FSE+ », ajoute Marc Mertens, administrateur délégué de la FBBA.
Face à la précarité alimentaire, les rangs se resserrent
Jamais autant d’associations locales n’ont été affiliées à la Fédération. Leur nombre a augmenté de 25 l’an dernier, atteignant 698, avec une présence notable de nombreux CPAS.
Par ailleurs, ces dernières années, des initiatives locales et régionales ont été mises en place avec le soutien des autorités locales afin d’assurer la collecte, le stockage et la distribution des denrées alimentaires.
« L'aide alimentaire n'est pas une politique de lutte contre la pauvreté. Mais les personnes en situation de précarité sont confrontées à l'insécurité alimentaire, et nous essayons d’y apporter notre contribution. Les associations et organisations actives dans la lutte contre la pauvreté sont des partenaires essentiels pour garantir une action ciblée des Banques Alimentaires. Plus que jamais, nous avons besoin du soutien des entreprises, des particuliers et des pouvoirs publics. Qu'il s'agisse de dons alimentaires, de contributions financières ou de bénévolat sur le long terme, chaque aide compte pour soutenir les familles dans le besoin. Les chiffres des dernières années parlent d'eux-mêmes : la faim ne disparaît pas, et nos perspectives ne s'améliorent pas », conclut Piet Vanthemsche.
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