Dirk Holtyzer (61) retrouve ses forces

Dirk Holtyzer travaillait dans le bâtiment ; il a toujours été très sportif et a même couru un marathon. Il y a 15 ans, Il a cependant dû abandonner son métier pour des raisons médicales et s’est retrouvé en situation d’invalidité. La vie n’a alors fait que se compliquer tant mentalement que financièrement. Aujourd’hui, lentement mais sûrement, il retrouve ses forces et sa positivité.  

« Le secteur du bâtiment de l’époque n’est plus comparable à aujourd’hui ; en effet, les mesures de sécurité sont bien meilleures. Autrefois, on pouvait par exemple soulever 50 kg ; maintenant, 25 kg, c’est le maximum », raconte Dirk. « Ce dur travail physique a nui à mes articulations. » Du jour au lendemain, il a dû tirer un trait sur ce métier qu’il aimait comme sur ses hobbys sportifs. « J’ai encore travaillé 4 ans au CAW comme agent d’entretien pour assurer de petites réparations dans le bâtiment, et fait quelques extras comme accompagnateur au Centre d’Accueil Klemenswerk. Mais à l’issue de ces contrats, je me suis retrouvé désœuvré et ce fut le début d’une période difficile. » 

La tête sous l’eau

Arrêter de travailler et de faire du sport a été très dur sur le plan psychologique, et la vie quotidienne est devenue insoutenable financièrement. En conséquence, Dirk a développé une dépendance à la boisson. « Je me sentais impuissant et j’étais vraiment à bout... C’est à cette époque que j’ai été orienté vers les Banques Alimentaires. Le premier point de distribution de nourriture où je me suis rendu était à Meulestede, où j’ai aussi eu envie d’aider en tant que bénévole. J’ai ensuite déménagé vers la Brugse Poort, et j’ai alors bénéficié des distributions alimentaires de la Meubelfabriek – un site abritant 23 organisations. C’était pendant la période COVID. 

Pendant la pandémie, nous étions 4 ou 5 personnes à approvisionner environ 140 familles par jour, durant 2 ans ; c’était extrêmement intensif. La plupart des points de distribution alimentaire avaient fermé, la pression s’est donc amplifiée. De 7 à 21h, nous remplissions, des sacs avec des aliments sur mesure en fonction des familles, et ceux-ci étaient ensuite, pour la plupart, livrés à domicile le jeudi et le vendredi. C’était vraiment très intense et nous avons tenu longtemps ce rythme, mais cette période a duré trop longtemps. Moi-même et quelques autres avons fait un burn out... »

Un travail d’expert

Dirk est aujourd’hui sobre depuis 11 ans et offre son aide à Open Plaats, où il travaille à l’accueil de la distribution alimentaire. « Depuis 8 ans, j’anime également des sessions d’information destinées aux personnes alcoolodépendantes. Ce sont des sessions virtuelles le mardi au Watersportbaan. Parfois aussi en psychiatrie, auprès de personnes qui quittent l’hôpital et qui ont besoin d’un suivi. Chaque jour, je fais également un tour à la place de l’église du quartier, où errent beaucoup de sans-abri, pour signaler les problèmes à Bruno, l’éducateur de rue. Mais les choses restent difficiles sur le plan financier. » 

Franchir les barrières ensemble

À présent, Dirk connaît bien tout le monde à Open Plaats. Mais demander une aide alimentaire n’a pas été évident. « Je me souviens encore de la première fois où j’ai dû m’y rendre !! il s’agit ici d’une association pas d’une BA !!!... C’était une immense barrière à franchir. Je n’étais pas du tout à mon aise et je pensais que tout le monde me considérait comme un clochard. Mais la situation financière dans notre pays devient de plus en plus difficile pour beaucoup de personnes, y compris pour la classe moyenne, et dans une telle situation, seul, on est impuissant. Il est donc temps d’admettre que tout le monde peut avoir, tôt ou tard, besoin d’une aide alimentaire. Ce n’est agréable pour personne, mais si on en arrive là, il faut franchir cette barrière. 

Ne laissez pas les choses aller trop loin, n’attendez pas trop longtemps, et n’achetez pas de nourriture chère si vous avez des dettes et de faibles revenus. Vous seriez surpris de voir à quel point on est aidé dans une association locale affiliée aux Banques Alimentaires. C’est un réseau de personnes qui vous écoutent, vous aident et vous redirigent... Et on y rencontre des gens qui ont été dans la même situation et savent parfaitement ce qu’est la pauvreté. »