L’histoire de Daniël : de sans-abri à expert du vécu
Daniël sait très bien ce que cela signifie de vivre dans la rue. À cause d’un divorce, d’une dépression et d’une lutte contre l’alcool, il a tout perdu. « Un jour, je me suis retrouvé devant une porte fermée, la serrure avait été changée. Me voilà : seul, sans adresse, sans emploi. » Mais il n’a pas baissé les bras. Aujourd’hui, il travaille comme expert du vécu chez Chez Nous asbl, un centre de jour pour personnes en situation de pauvreté et une association où les personnes en pauvreté prennent la parole. C’est également l’une de nos associations affiliées à Bruxelles.
« Après avoir déménagé à la campagne et eu quatre enfants, ma relation de couple s’est détériorée. J’ai emménagé dans un studio à Alost, où je suis tombé dans la solitude et la dépression. J’ai sombré dans l’alcool, perdu mon emploi… et j’ai fini dans la rue. Un jour, je me suis retrouvé devant une porte fermée, la serrure avait été changée. Voilà où j’en étais. Et sans adresse officielle, je ne pouvais même plus chercher de travail. »
Daniël est retourné à Bruxelles et a trouvé temporairement refuge chez sa mère. Mais après son décès, il s’est définitivement retrouvé à la rue.
« J’ai mendié pendant un certain temps. On tombe complètement hors du système. On n’existe plus, en quelque sorte. »
Un nouveau départ
Une opportunité inattendue lui a redonné espoir : un vendeur de chaussures lui a demandé de l’aider en boutique et sur les marchés. Petit à petit, il s’est senti mieux petit à petit et s’impliqua dans des initiatives pour sans-abri.
Il a ainsi contribué à l’organisation du Pispot Festival, une action réclamant plus de toilettes publiques et de douches en ville, en collaboration avec Chez Nous. Il est aussi devenu porte-parole du Réseau Belge de Lutte contre la pauvreté (BAPN), où il représente encore aujourd’hui Chez Nous. C’était le début d’un nouveau chapitre dans sa vie, où il souhaite avant tout s’engager pour les autres.
Chez Nous : un refuge sûr
Depuis peu, Daniël travaille comme expert du vécu chez Chez Nous asbl.
« Cinq jours par semaine, je commence à 5h45 avec le vélo cargo pour aller chercher les invendus alimentaires. Ensuite, j’aide à préparer le petit-déjeuner et je gère le stock. L’après-midi, je donne des conseils aux personnes en situation de pauvreté, je les oriente vers les bons services ou je donne des formations sur la pauvreté. Je propose aussi des promenades sociales dans les quartiers où vivent de nombreux sans-abri, pour faire découvrir les lieux qui leur sont ouverts. »
Dans l’association Chez Nous, les gens trouvent non seulement un repas ou un café, mais aussi un endroit où ils peuvent se reposer et se sentir accueillis.
« C’est incroyable à quel point cet endroit est important pour ces personnes », dit Daniël. « Pour beaucoup, c’est le seul lieu qui ressemble un peu à un ‘chez-soi’, où ils ne sont pas jugés. Nous offrons ici aussi des conseils et un accompagnement pour qu’ils sachent vers qui se tourner, que ce soit pour la santé, le logement ou l’aide juridique. »
Un soutien vital
Malheureusement, la demande d’aide alimentaire augmente, alors que l’offre diminue. « Les gens donnent moins à cause des crises successives, et les besoins ne cessent de croître. Les banques alimentaires font tout leur possible, mais nous avons toujours besoin de réserves supplémentaires. Nous espérons en recevoir de la part de fournisseurs locaux. Il nous manque régulièrement des produits comme du café et du fromage », explique Daniël.
« Ici, nous accueillons non seulement des personnes envoyées par le CPAS, mais aussi des sans-abri qui ne sont les bienvenus nulle part ailleurs. Il est crucial qu’ils aient un endroit où se sentir à nouveau humain, où ils peuvent recevoir de l’aide pour sortir de la misère. Je sais par expérience à quel point c’est important – et croyez-moi, cela peut arriver à tout le monde. »
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