Marc Mertens, administrateur délégué de la Fédération des Banques Alimentaires

S’il était prévu de longue date que Marc Mertens devienne le nouvel administrateur délégué de la Fédération des Banques Alimentaires, sa prise de fonction anticipée, en novembre 2023, était, elle, inattendue. C’est pourtant le cœur lourd que l’association a dû se séparer inopinément de Jozef Mottar. Après un temps d’adaptation, Marc est aujourd’hui très à l’aise dans sa fonction d’administrateur. Il est temps pour un entretien.

Marc n’en est pas à son coup d’essai en tant qu’administrateur. Après des études financières, il s’est rapidement hissé vers une fonction dirigeante dans le secteur du câble. Marc a passé 30 ans à bâtir, au sein d’une multinationale française, une division en tant que membre de la direction. 

« J’avais beau avoir une carrière internationale et avoir dormi dans un nombre record d’hôtels, je n’avais jamais vraiment voyagé. Ainsi, j’ai par exemple été 15 fois en Chine, mais je n’ai encore jamais vu la Grande Muraille. C’est la raison pour laquelle je voulais voyager après ma carrière, mais aussi mettre mes compétences au service de la société.

J’ai canalisé cette soif de voyages en suivant une formation de guide touristique. J’accompagne à présent régulièrement de petits groupes de voyageurs en Australie, en Irlande, au Japon, sur la côte ouest américaine, etc.

J’associe cette activité à un engagement auprès des Banques Alimentaires. La lutte contre la pauvreté est pour moi une priorité absolue, et les Banques Alimentaires agissent concrètement à cet égard. Chaque euro donné va presque intégralement à nos objectifs, l’organisation étant principalement gérée par des bénévoles. Je peux y employer mes capacités de dirigeant de façon utile et positive. » 

Plus de 400 000 Belges dans le besoin

Depuis la prise de fonction de Marc, la Banque Alimentaire a hélas connu une croissance phénoménale. « Ce n’était pas une période normale. J’ai débuté comme trésorier en 2019, et la pandémie de COVID nous est tombée dessus en mars 2020, avec de lourdes conséquences sur notre fonctionnement.

D’une part, notre approvisionnement fut sérieusement limité par le comportement des consommateurs, qui se sont mis à stocker énormément, et nous avions du mal à garder nos banques ouvertes car la majeure partie de nos bénévoles faisaient partie du groupe de personnes à risque. D’autre part, nous avons été submergés de nouvelles demandes d’aide en raison de l’immense taux de chômage économique d’alors. Heureusement, nous avons également pu compter sur une vague de solidarité via des dons financiers d’entreprises, de particuliers et du gouvernement ; cela nous a permis d’acheter de la nourriture, ce qui n’était jamais arrivé dans toute l’histoire des Banques Alimentaires. Puis survint la guerre en Ukraine, avec la crise énergétique qui déclencha l’inflation. Tout est alors devenu beaucoup plus cher, faisant une nouvelle fois grimper le nombre de personnes contraintes de faire appel à nous.

La récente baisse des prix de l’énergie n’a pas encore entraîné une baisse du nombre de personnes dans le besoin, car elle n’a pas eu d’effet sur la part la plus pauvre de la population, qui paie justement plus cher son énergie à présent que les dispositifs d’aide ont disparu. En outre, cette baisse n’a pas encore été répercutée sur la plupart des prix alimentaires. 

Environ 214 000 personnes nous demandent de l’aide, soit un peu plus que la moitié de l’ensemble des Belges nécessitant une aide alimentaire. Presque autant de gens reçoivent une aide alimentaire via les CPAS et associations non affiliées à nous, comme la Croix Rouge. On parle donc ici d’environ 400 000 Belges au total. Il devient toujours plus difficile de garantir de la nourriture en suffisance pour ces personnes dans le besoin. » 

4 repas par semaine

Bien que ce risque soit en baisse dans notre pays, 18,6 % de la population belge court néanmoins le risque de se retrouver en situation de pauvreté selon la définition européenne du seuil de pauvreté, selon Marc. « Ce risque concerne des personnes susceptibles, en cas de coup dur, de passer très facilement sous le seuil de pauvreté et de nécessiter notre aide.

Contrairement à ce que certaines personnes peuvent penser, nous ne répondons pas à l’ensemble des besoins alimentaires des personnes vulnérables, qui doivent acheter elles-mêmes la plupart de leurs repas avec un budget extrêmement limité. Nous contribuons partiellement à leurs besoins alimentaires et les soulageons ce faisant d’une partie de leurs soucis. Mais du fait de l’augmentation du nombre de bénéficiaires et de la stagnation de l’offre, le nombre de repas que nous pouvons offrir est passé de 5 à 4 par semaine, un chiffre que je tiens absolument à voir remonter pendant mon mandat d’administrateur. Je souhaite également miser davantage sur des valeurs nutritionnelles équilibrées de la nourriture que nous distribuons, par l’achat d’aliments sains. Mais cela exerce une nouvelle pression sur nos propres budgets.

De nombreux défis 

Nous avons encore besoin de beaucoup d’argent et de nourriture pour atteindre ces objectifs. Nous ne bénéficions d’aucune subvention structurelle, et la participation du Fonds européen, notre principale ressource, sera largement réduite à compter de 2026. Nous avons donc envoyé aux différents partis politiques, à l’occasion des élections, un mémorandum dans lequel nous exposons nos exigences et inquiétudes et attendons, non sans angoisse, de savoir ce que le nouveau gouvernement décidera à ce sujet.

Les dons alimentaires des industriels sont eux aussi sous pression. Les entreprises produisent plus efficacement, et les excédents tout de même produits sont plus souvent vendus à des acteurs commerciaux. Nous sommes donc en pleine recherche de moyens, partenaires et fournisseurs alimentaires supplémentaires.

De nombreux défis nous attendent encore. Heureusement, je peux compter sur plus de 400 bénévoles passionnés, dans la Fédération et les 9 Banques Alimentaires réparties sur toute la Belgique, qui peuvent à leur tour compter sur les milliers de bénévoles des 673 associations affiliées pour distribuer la nourriture à nos clients. » 

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